Mon processus de création pour mon récit "Refuges"
Hello à tous et toutes,
J’espère que vous allez bien en cette période de printemps & réouverture en cours des lieux fermés depuis le covid ! Même si la situation est encore instable, cela fait du bien de savoir que peut être, on va pouvoir progressivement retrouver toutes ces choses qui nous ont manqué (pour ma part, j’ai hâte d’aller de nouveau au cinéma et au musée !)
Pour ceux et celles qui me suivent sur instagram, vous avez surement vu passer mon post présentant un mini récit nommé « Refuges » : j’y parlais de mon rapport à la librairie et la forêt comme espaces réconfortants quand je n’ai pas le moral. Je vous avais montré plusieurs extraits en story mais je me suis dit que ce serait intéressant de retracer entièrement le processus de ce mini projet, de l’émergence de l’idée à la création. Comme j’avais pas mal de choses à dire et montrer, je vous propose de passer par ce bon vieux format de l’article rédigé 🙂
Etape 0 :
Avoir l’idée ! (« Non sans rire ? »). Elle m’est venue alors que je me rendais à la galerie l’Illu avec laquelle je collabore, pour signer des tirages. C’était un jour où j’étais assez mélancolique, j’avais un peu d’avance et j’ai décidé d’y aller à pieds. Marcher m’aide toujours à organiser mes pensées et sur le chemin se trouve la librairie. Je n’y suis pas resté longtemps, mais ce simple passage m’a fait beaucoup de bien. J’étais dans ma bulle et cette pensée m’est venue, j’ai écrit ça sur le reste du chemin qui sépare la librairie de la galerie.


Etape 1 & 2 :
1 : Je fais un crayonné rapide pour poser les idées et l’enchainement. C’est un étape où mon dessin est très brouillon et où je suis généralement la seule à pouvoir me relire. Le but est juste avoir une ligne directrice et de ne pas perdre les premières idées (je n’ai malheureusement pas retrouvé mes crayonnés initiaux, perdus dans les méandres de mon bureau probablement..).
2 : Je continue en m’appuyant sur les crayonnés de l’étape précédente en faisant des croquis et recherches plus poussés. Pour cette étape, je travaille sur Clip Studio Paint (que je testais pour la première fois et qui est en train de me séduire bien plus que Photoshop) afin de pouvoir facilement bouger les éléments entre eux et les ajuster. Je découpe et positionne également le texte afin de voir si l’enchainement se fait bien (vous noterez que je l’ai remanié et qu’il diffère quelque peu du premier jet). A ce stade, je fais beaucoup d’allers & retours pour tester et observer ce qui fonctionne ou non. Une fois que je suis satisfaite de l’enchainement global, je redessine au propre, sur un nouveau calque, les croquis préparatoires de la façon la plus détaillée possible afin de me faciliter la tache pour la suite (sauf pour certains détails, comme par exemple les couvertures de BD ci-dessus, que je me réservais pour la mise en couleurs afin de ne pas perdre de temps inutilement).




Etape 3 :
Impression des croquis préparatoires que je viens reporter sur le papier au bon format, grâce à la tablette lumineuse. A ce moment-là, je me rends compte que le format choisi est très petit (13×13 cm) : c’était volontaire pour ne pas perdre de temps en forçant mon obsession du détail à lâcher prise et aller à l’essentiel. Cependant, il me sera difficile de dessiner les personnages avec le niveau de détails souhaité sur un si petit format. Je décide donc de dessiner les décors seuls, et de réimprimer les personnages en plus grand, pour les dessiner à une taille plus agréable pour réaliser des détails. Je me rends compte également que certains décors reviennent plusieurs fois et qu’il ne sert donc à rien de les redessiner pour chaque page (gain de temps x1000 aha).




Etape 4 :

… puis j’ai continué sur les pages avec les mains et l’intérieur de la librairie.
Et pas des moindres, c’est celle de la mise en couleurs ! J’ai commencé d’abord par les décors…





Enfin, les personnages. Pour le mien, il fallait garder une unité visuelle cohérente et qu’il ne change pas trop de visage d’une page à l’autre. Pour les libraires, je les ai fais de tête car je n’avais pas de photos d’eux sous les yeux (oui, j’ai cherché sur internet aha). Je décide de faire la mise en couleurs uniquement aux crayons de couleur, sans couche de peinture au préalable. Je voulais voir ce que j’étais capable de faire uniquement avec ce médium. Le papier texturé aquarelle, associé au grain des crayons donne une matière, une texture un peu chaude & vibrante, que j’aime beaucoup. Cependant, sur les pleines pages, c’est peut être à la limite d’être trop texturé ; ce sera à réfléchir pour les prochaines fois.




Matériel
D’ailleurs, question matériel, je vous ai fais un résumé des principales marques de crayons que j’utilise ci-dessous :


Etape 5 :
Tous les éléments sont dessinés et en couleurs, maintenant il faut les assembler ! Je les scanne et les ouvre sur Photoshop où je les recadre au même format, pour une unité graphique mais aussi pour qu’ils s’affichent bien dans Instagram. Je les nettoie : j’enlève les petites imperfections comme les bouts de gomme qui se seraient accrochées au papier, les endroits où j’ai débordé avec mes crayons, je rends le papier bien blanc. Cela prend du temps quand il y a beaucoup de papier qui est laissé blanc car il faut détourer chaque élément. Ensuite, il s’agit de rehausser le scan, afin que les couleurs et les contrastes ressortent.




Enfin, j’ajoute les personnages en les redimensionnant sur les décors, puis le texte. J’ai galéré à trouver une typographie qui aille avec l’univers, j’ai même essayé de créer ma propre typo mais ça ne rendait pas très bien pour ce projet. Ce sont les pages 1 et 3 qui m’ont prises le plus de temps car il a fallu que je créé des transitions visuelles en dégradé pour signifier le début du récit, puis le passage de la forêt à un environnement urbain.




Etape 6 :
J’exporte tout cela au bon format et à la bonne taille (je ne sais pas si c’est la « bonne » technique, mais j’exporte mes fichiers pour insta en 1080×1080 px en jpeg). Je me les envoie par mail, puis direction insta où je vous prépare un joli post avec une description pour l’accompagner.



Et voi-là ! J’ai dû étaler ce projet sur 2 semaines et demi je pense au final, car je me suis arrêté au milieu pour faire un autre projet et j’ai perdu le compte des heures exactes passées dessus. D’habitude, je fais rarement autant d’assemblage sur photoshop : j’ai plutôt mon illu complète que j’ai juste à scanner et cleaner/retoucher au niveau contraste et couleurs. Ce mini projet m’a obligé à changer mes habitudes et c’était très cool d’utiliser autant mes crayons de couleurs que le digital. Cela permet une plus grande flexibilité que si j’avais du tout dessiner, mais aussi sur les possibilités graphiques. Je n’aurai surement pas eu le même rendu si j’avais tout fait à la main : typiquement, j’aurai dessiné les pages 1 et 3 différemment. Cela aurait été tout aussi intéressant probablement, mais différent. Ici, j’ai bien aimé passer d’un médium à l’autre, c’était stimulant !
J’espère que ce petit aperçu des coulisses de création de ce mini récit vous a intéressé et que cela vous a appris des choses ou donner des idées. Je vous souhaite une belle semaine en ce début de mois de mai et vous dis à bientôt !
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